Au plus près brouille les repères scéniques du concert classique en démultipliant le regard et l’écoute. Les musiciennes s’échangent avec vivacité, en solos et duos, des pièces larges et intemporelles de Johann Sebastian Bach (1685-1750) ou courtes et aiguës de György Kurtág (°1926) dans un enchaînement instinctif et harmonique. Le geste musical détermine leur trajectoire, telle une danse entre le leitmotiv des Fleurs de Kurtág qui rythme le spectacle.
« L’homme est une fleur […] estampe japonaise dont le signe passe dans le vide sans discontinuité », écrit le compositeur hongrois. La pianiste et la violoniste se découvrent l’une l’autre, tour à tour légères ou mélancoliques, de vertiges en effrois, vers la joie et la rencontre. Leur dialogue musical introspectif s’inscrit dans un univers de troubles sonores et de sensations visuelles au plus près de leurs gestes.
L’électroacoustique, la vidéo et la lumière invitent l’intime par un acte poétique qui rassemble l’inaudible, l’invisible et l’obscur. Sonorisation et improvisations électroacoustiques agitent contrepoints et lignes essentielles. La vidéo noir et blanc imprime sur la rétine l’écho organique des sons : une image subliminale au plus près de la peau, du geste et de ses vibrations. La lumière révèle et dissimule.
Ce voyage baroque et contemporain dessine un territoire traversé par la fugacité des émotions, au bord de l’espace et du temps. Notre fragilité y résonne avec force et délicatesse.